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Bandjoun est chef-lieu du département du Koung-khi depuis la réforme de 1992 intervenue dans la préfectorale au Cameroun. Tout de même, notre démarche consistera à séquencer ce travail pour l’arrimer à l’évolution socio politique et économico institutionnel du Cameroun dès 1950, sans oublier au passage la participation probante et élitiste todjom dans l’œuvre de la construction de l’Etat-Nation.

1/ Bandjoun et le chantier de l’Etat-Nation de 1950 à 1992

Durant les deux guerres mondiales qui ont fissuré profondément les équilibres socio- anthropologiques en Europe, en Afrique et dans le reste du monde, Bandjoun en tant qu’entité a su préserver les acquis .On note une forte implication des tirailleurs sénégalais d’origine Bandjoun dans les régiments partis de l’Afrique suite à l’appel de De Gaulle de Brazzaville de 1940. Nous avons dans ce chapiteau, des noms tels Tagne  Tékam et Aladji koumendjang .Leur participation fut un grand succès dans la reconquête de la Normandie, de la Provence entre autres régions de France sous la vassalisation du Führer. Et pour  refermer ce côté de la stratégie, il faut pour mémoire dire que le royaume depuis Notchegom a été l’une des forteresses les plus importantes du pays Bamiléké .D’ailleurs Bandjoun a servi de gendarme pour décourager le royaume de la rive droite du fleuve Noun, de le traverser malgré ses idées expansionnistes.

a) L’évolution socio- administrative de Bandjoun

Dès les années 1930,  Bandjoun est un district de la subdivision de la Mifi. Les premières infrastructures d’approche vont prendre corps. On va assister à l’ouverture des premières routes, des écoles primaires notamment la toute première publique à Dja et des écoles à vocation confessionnelle comme celle de King place dite tissoung  Sim Dung terme chapeautant l’architecture du royaume. Dans le même ordre d’idée l’administration avec le concours du roi Kamga II trouvera de façon prométhéenne un arrangement avec Wouabo Decha afin qu’il laisse une grande partie de son domaine pour cause d’utilité publique. Bandjoun aura donc le site idéal pour bâtir  son centre administratif. C’est dans ce sillage que PETE verra le jour et signifie littéralement carrefour en ghomala, langue patrimoniale très répandue dans la grande la Mifi, les Hauts-plateaux et le Koung-khi. Parallèlement, l’hôpital de district de Dja verra le jour en 1932. 

ci-dessous une vue de face du bloc administratif de l’hôpital de Dja

En moins de vingt ans, le jeune district est transformé en arrondissement et sa première élite dans  la  préfectorale est monsieur Mouafo Gabriel et  un décret présidentiel  fait de lui le sous-préfet de Bandjoun. Une fois encore, c’est le dynamisme de son peuple et la forte implication de ses jeunes cadres dans le giron de la haute administration camerounaise, chapeautés par le principe de la mutabilité du service public qui fera en sorte que le royaume s’inscrive dans une logique républicaine dominée par la survenance des plans quinquennaux.

Portrait du premier chef de district et sous-préfet de Bandjoun. Monsieur MOUAFO  Gabriel

Terre d’accueil par excellence, Bandjoun est l’ossature du vivre-ensemble et mêmement les fils Todjom s’acclimatent très simplement   dans quelques localités du pays ou d’outre-mer que se soient ; tout en respectant les institutions, les cultures et les normes y établies. C’est un peuple de pacifistes. Au Cameroun, on rencontre la communauté Todjom dans l’ensemble des dix régions du pays avec de fortes communautés dans les grandes métropoles à l’instar de Douala, Yaoundé, Bafoussam, Nkongsamba, Ebolawa, Garoua, Mbalmayo et dans le département du Noun. De même dans la sous- région, Bandjoun connait une présence remarquable de ses ressortissants au Gabon, en Guinée Equatoriale sans oublier une diaspora intellectuelle de grande envergure dans les domaines tels la médecine, les sciences sociales, les métiers bancaires et le génie civil notamment en Allemagne, au Canada, en Belgique, en France et enfin aux États-Unis d’Amérique du Nord pour l’essentiel.

Ci-dessus une photo de la famille Todjom du Canada durant un fend raising en direction d’une œuvre sociétale du groupement.

De plus Bandjoun connait un essor social et administratif exponentiellement croissant et dès le milieu des années 1980, la commune de Bandjoun profitera du bitumage de  la nationale numéro 4 pour voir quelques artères de sa voirie changer. De nombreuses institutions-organes qui concourent à la déconcentration y prennent corps. Au lendemain du discours  de La Baule qui sonna le tocsin du jacobinisme en Afrique et partant l’aspiration des pays africains à la démocratie, Bandjoun compte plusieurs établissements d’enseignement primaire, secondaire et un institut supérieur de technologie rattaché à l’université de Dschang. L’apothéose administrativo-institutionnelle demeure les lois de 1990 sur les libertés publiques  et surtout le décret  présidentiel de 1992 vient faire de Bandjoun le chef-lieu du département du Koung-khi.

Ci- dessus l’immeuble siège de la préfecture de Bandjoun.

b) La place de Bandjoun dans le paysage politico-institutionnel du Cameroun

Bandjoun a connu avant l’accession du Cameroun à la souveraineté internationale en 1959 des tumultes comme dans le reste du pays dus au  vent des revendications politiques d’alors. L’indépendance juridique du premier janvier 1960 viendra de façon progressive restituer l’Etat de droit. Néanmoins convient-il de dire et s’en est une lapalissade, que les heurts politiques qui y ont eu cours entre 1935 et 1965 n’ont fort malheureusement pas entiché la marche politique de Bandjoun malgré quelques razzias sporadiques. Cette défaite cuisante des thuriféraires de l’incivisme et de la désobéissance institutionnelle porte in limine litis l’estampille du roi Kamga II. Il fut le précurseur de la paix et œuvra sans relâche dans cette optique.

Ici supra et au centre de la photo le roi Kamga II, figure de proue de la paix à Bandjoun

Nonobstant le désir des indépendantistes à fragiliser les institutions républicaines dans l’option de la guérilla qu’ils avaient primo facie choisie  dans la région Bassa et en pays Bamiléké,  les Todjom unis derrière leur souverain s’organisèrent auto-défense pour sécuriser avec l’appui de l’administration fédérale leur patrimoine culturel qui au-delà de toute convoitise était généralement l’une des cibles phares à détruire pour faire plier Bandjoun ainsi que son illustre roi à prendre corps et effets pour les apôtres de la délation.

On a vite fait de trouver un bouc émissaire en 1959  aux  vestiges de nobles et prestigieux des Todjom avec un incendie criminel de la chefferie supérieure de Bandjoun en l’absence du souverain qui se trouvait à Yaoundé pour la session parlementaire. Ces mercenaires attribueront leur forfaiture à la danse patrimoniale Dadji qui avait presté comme de coutume ce soir-là.

Supra en image une prestation du Dadji lors de l’édition des Msem Todjom 2013

Sous un autre angle, Bandjoun compte dès le début des années 1970 des cadres et pas les moindres dans le landerneau politique, occupant ainsi des postes et des fonctions névralgiques au sein du gouvernement. Bandjoun entre 1975 et 1985 était l’enfant chéri du régime de Yaoundé avec deux de ses fils qui occupaient des portes-feuilles ministériels de souveraineté à l’instar de messieurs Fokam Kamga Paul et Kamga Njike Paul ,respectivement Ministre de la Santé Publique et Ministre Délégué à la Présidence chargé des Marchés Publics et de l’informatique. De même Bandjoun connaitra également l’ascension de  ses fils dans nos nombreuses chancelleries africaines et occidentales ainsi que dans les institutions onusiennes. C’est  le cas du Ministre plénipotentiaire, son excellence Tabapssi  Famdie Timothée qui pendant une quinzaine d’années a été chargé d’affaires à l’ambassade du Cameroun à Madrid. Il a joué un rôle important dans le dossier Cameroun à La Haye dans le différend territorial qui opposa le Cameroun  au Nigéria voisin.

Ci-dessus en image le président Ahidjo en concertation avec le Ministre Paul Fokam Kamga de le Santé et de l’assistance sociale.

Si le commun des mortels peut admettre que Bandjoun a connu une avancée historico-institutionnelle, socio-culturelle et politique, que reste- t-il  du rôle économique du royaume dans la marche de la construction nationale et partant de la république ?